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nancy jazz pulsations - Page 2

  • Nancy Jazz Pulsations 2011 # 5

    tigran hamasyan, a fable, nancy jazz pulsations, nancy jazz pulsationsIl n’est jamais évident de s’avouer qu’au-delà de la jeunesse et du talent de Tigran Hamasyan (le pianiste arménien a 24 ans), de sa virtuosité habitée, de son engagement physique et du corps à corps qu’il entreprend avec son instrument ; des paysages aux fragrances orientales qu’il dessine frénétiquement, sans oublier l’héritage de compositeurs comme Bartok ou Rachmaninov, tous accords plaqués des deux mains dans un flot continu de notes, en s’accompagnant parfois d’un chant qui mue de temps à autre en beat box ; d’un accueil chaleureux du public de l’Opéra de Nancy le rappelant une fois, la prestation de celui qui venait pour la seconde fois à Nancy Jazz Pulsations auréolé d’une reconnaissance internationale ne nous aura pas toujours autorisés à communier pleinement avec lui. Comme si l’interprétation de sa musique, puisée dans le répertoire de son récent et captivant A Fable, était encore prisonnière d’une épaisse carapace qui nous interdit souvent l’accès à son intimité. A n’en pas douter, Tigran Hamasyan est un grand monsieur, il a beaucoup de choses à nous dire et tout l’avenir devant lui : à lui maintenant de fendre un peu l’armure pour nous inviter à mieux entrouvrir sur scène les portes de son univers et faire du public l’acteur de sa musique plutôt qu’un spectateur admiratif.

    Opéra de Nancy – Lundi 10 Octobre 2011

    En écoute : « Carnaval », extrait de A Fable.

    podcast

    Texte préparatoire à un prochain compte-rendu complet pour Citizen Jazz.

  • Nancy Jazz Pulsations 2011 # 4

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    Faut-il recourir aux mots pour traduire le sentiment d’apesanteur et d’éternité qui aura submergé chacun des spectateurs venus écouter le duo formé par Ballaké Sissoko et Vincent Segal ? Voilà un pari un peu risqué tant les quatre-vingt dix minutes offertes par ces deux musiciens auront été habitées d’une plénitude confinant à la magie. Le disque Chamber Music, publié l’année dernière, était déjà un enchantement. Le concert de Nancy, dans le cadre théâtral de la Salle Poirel, a imposé le silence à tous tant l’union entre les deux musiciens s’apparente à un phénomène proche de la sorcellerie. La kora de Ballaké Sissoko constitue à elle-seule un spectacle passionnant : l’instrument, qu’il faut longuement accorder entre chaque morceau, est magnifique, il irradie de toute la lumière mémorielle de ceux qui en ont été les virtuoses à travers son histoire. Le violoncelle de Vincent Segal – qui endosse également le costume du maître de cérémonie – vient lover ses notes (à l’archet comme en pizzicato) au cœur des arabesques qui naissent des vingt-et-une cordes que Ballaké Sissoko manipule avec une admirable dextérité, mêlant douceur et vitesse d’exécution. Tous deux sont en communion, la musique des deux devient une et indivisible. Et même si les thèmes abordés sont parfois contemporains (ainsi « Ma-Ma FC » qui nous raconte l’histoire des fils respectifs des deux musiciens, qui se connaissaient par leur pratique du football avant que leurs pères eux-mêmes ne se rencontrent) et d’inspiration européenne (une composition est d’origine bretonne), Sissoko et Segal imposent à leur propos une tonalité, sinon religieuse, du moins hautement chargée en spiritualité. Voilà un moment qu’on n’est pas près d’oublier, celui d’un état de grâce.

     

    Salle Poirel - Nancy - Vendredi 7 octobre 2011

    En écoute : "Ma-Ma FC", extrait de Chamber Music.

    podcast

    Texte préparatoire à un prochain compte-rendu complet pour Citizen Jazz.

  • Nancy Jazz Pulsations 2011 # 3

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     Quarante-huit heures après sa prestation en cette même salle Poirel mais en tant que membre du quintet d’Henri Texier, Francesco Bearzatti est revenu cette fois entouré de ses musiciens italiens. Ce quatuor baptisé Tinissima avait publié en 2010 le disque X (Suite For Malcolm), affichant par là une sacrée santé créative et une dynamique iconoclaste née de l’association formée par le saxophoniste et le trompettiste Giovanni Falzone (qui ressemble étrangement au bassiste Janik Top, mais ceci est une autre histoire). Le concert nancéen est à l’image de l’enregistrement, mais en plus explosif, il s’apparente à un feu d’artifice sonore où la vie du militant des droits afro-américains nous est contée par le recours à différentes formes de musiques noires : funk, rap, hip hop et jazz bien sûr. Jusqu’à une ambiance disco sur le thème appelé « Cotton Club » ! Jouée dans sa continuité, sans pause, l’œuvre est flamboyante, gorgée d’une sève bouillonnante et les dialogues entre les deux solistes sont à chaque fois très hauts en couleurs. Derrière eux, une rythmique surpuissante les pousse au meilleur. Francesco Bearzatti se déhanche plus que jamais, Giovanni Falzone trompette et éructe ses vocalises, la basse électrique de Danilo Gallo gronde et Zeno De Rossi foisonne derrière ses fûts. Le rappel, qui est aussi la conclusion de l’album : « Kinshasa », dédié à Mohamed Ali, vient glisser une ultime note à résonnance africaine et finit d’emporter l’adhésion d’un public attrapé à la gorge et bienheureux d’avoir été l’otage consentant d’un voyage aussi étourdissant.

    Salle Poirel - Nancy - Vendredi 7 octobre 2011

    En écoute : "Betrayal", extrait de la Suite For Malcolm X.

    podcast

    Texte préparatoire à un prochain compte-rendu complet pour Citizen Jazz.

  • Précieuse archive

    J'étais tout récemment l'invité de Xavier Brocker, qui anime chaque semaine ses Jazz Galaxies sur une radio locale. Histoire de partager nos coups de cœur, de bavarder paisiblement à l'antenne et de donner à entendre d'autres musiques que celles qui nous sont paresseusement servies la plupart du temps sur les ondes (je ne méconnais cependant pas la qualité qui continue à régner sur certaines fréquences du service dit public). Nous avons réussi un enchaînement assez réjouissant, allant du premier album de Magma jusqu'au prochain disque du Nord-Sud Quintet d'Henri Texier*, en passant par cette bande de joyeux allumés que sont les toujours baba-cool du groupe Gong, les échappées belles du Baïlador de Michel Portal ou bien encore la célébration de Duke Ellington par le Big Band de l'Air, le maître de cérémonie tenant – et je l'en remercie – à souligner le talent de mon fils qui en est l'un des saxophonistes. Promis, je n'avais rien demandé. Mais j'ai apprécié le clin d'œil...

    Je n'avais pas plus souhaité devenir l'heureux dépositaire d'un petit trésor sonore – même si je m'en sens aujourd'hui très honoré – que celui qui fut le premier directeur artistique du festival Nancy Jazz Pulsations a tenu à m'offrir. Au point que j'en étais presque gêné sur le moment : pensez donc, un enregistrement original d'une vingtaine de minutes, sur bande magnétique, celui d'une création originale dont seul le final a récemment été exhumé lors de la parution du beau triple CD 50 ans de Jazz en Lorraine – French Connection 1955 To 1998.

    bande_magnetique.jpg

    De quoi s'agit-il donc ? D'une musique très haute en couleurs composée par Ivan Jullien, qui venait d'obtenir le Prix Django Reinhardt pour son travail en Big Band. Cette Percussive Stanislas Gavotte, fruit d'une commande passée spécialement par NJP au trompettiste, est captée le 14 octobre 1973 lors de la toute première édition du festival au Chapiteau de la Pépinière. Elle est interprétée par un big band où s'entrecroisent les noms de musiciens prestigieux tels qu'Eddie Louis (orgue), John Surman (saxophone soprano), les batteurs André Ceccarelli, Bernard Lubat et Daniel Humair. Sans oublier une petite dizaine d'autres percussionnistes au rang desquels s'illustre le Quatuor de Percussions de Paris sous la direction de Lucien Lemaire. Une vraie petite folie musicale !

    Il me reste à faire bon usage de ce petit trésor. Non commercial, bien entendu, mais animé avant tout par le souci d'un partage avec tous les amoureux de la musique. Peut-être, pourquoi pas, en le proposant à l'écoute sur ce blog. Il faudra d'abord que je trouve la personne qui pourra effectuer le transfert de cet enregistrement vers un support numérique, parce que je ne possède malheureusement pas le magnétophone à bande qui est nécessaire à sa lecture.

    Affaire à suivre donc... et que vive la musique, une fois encore !

    * Qui vient de me passer commande d'un exemplaire de Portraits Croisés ! Je mesure donc l'honneur qui est fait au travail que Jacky Joannès et moi-même avons entrepris pour fixer dans le temps notre exposition automnale.

  • Magique

    Nancy Jazz Pulsations, c'est fini. L'édition 2010 s'est terminée en apothéose avec une soirée de clôture tonitruante, sous les coups de boutoir de Marcus Miller et sa basse virtuose pour une relecture haute en couleurs de Tutu, ce disque de Miles Davis dont il avait été le compositeur, l'arrangeur et le producteur en 1986. J'aurai l'occasion de revenir sur ce festival dans un prochain article pour Citizen Jazz, afin de souligner quelques moments forts, comme le concert d'Avishai Cohen, ou la soirée réunissant le trio Thomas Savy et le quartet de Diego Imbert. Sans oublier, bien sûr, le grand Dave Holland au Chapiteau de la Pépinière.

    Et puis, délicieuse cerise sur ce savoureux gâteau musical, la prestation enchantée de Youn Sun Nah, une chanteuse coréenne envoûtante dont la complicité intimiste avec le guitariste Ulf Wakenius a suscité une adhésion méritée du public venu remplir La Fabrique, cette petite salle qu'on imaginerait volontiers devenir, ici, un lieu dédié au jazz. Ce lieu qui fait cruellement défaut à la ville de Nancy.

    ysn&mc_3_101015.jpgYoun Sun Nah © Jacky Joannès

    Le public est attentif lorsque Ulf Wakenius entre seul en scène pour nous proposer un petit échauffement (a warm up), seul à la guitare, avant l'arrivée de sa complice chanteuse. Dans la salle, un groupe d'enfants – toute une classe de sixième – ouvre de grands yeux, c'est le premier concert auquel ils assistent. Ils écouteront religieusement pendant près d'une heure et demie, captivés par le spectacle qui s'offre à eux. Très vite, Youn Sun Nah fait son apparition, arborant un sourire absolument désarmant. Elle nous dit quelques mots, nous explique dans un murmure combien elle est heureuse de se trouver là. Et c'est parti pour l'enchantement : qu'elle chante ses propres compositions ou des thèmes de bossa nova de João Gilberto ou Egberto Gismonti, qu'elle reprenne à son compte « Avec le temps » de Léo Ferré ou « My Favorite Things » (dont la version transfigurée de John Coltrane fêtera ses 50 ans après-demain), cette chanson tirée de La Mélodie du Bonheur pour une interprétation a cappella avec comme seul instrument un discret kalimba, qu'elle nous emmène dans son pays avec un chant traditionnel coréen, tout devient beau, habité par la grâce. Oui, la grâce ! Il y a des artistes charismatiques, magnétiques et parmi eux, certains ont en plus cette faculté supplémentaire de rayonner et d'emporter avec eux leur public vers un ailleurs un peu magique. Youn Sun Nah est de ces êtres qui irradient leur entourage au point qu'au moment où les lumières se rallument, on se demande si l'on a vécu ces instants ou si on les a rêvés.

    C'est d'ailleurs ce que j'ai tenu à lui dire alors que, venue saluer son public, la chanteuse s'émerveillait devant ces enfants qui levaient le doigt pour lui poser des questions, avant de lui tendre de petites feuilles blanches pour emporter avec eux un autographe. 

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    Youn Sun Nah & Maître Chronique © Jacky Joannès

    Youn Sun Nah ose à peine croire aux compliments qu'on lui fait, c'est elle qui nous remercie alors qu'autour d'elle, les yeux brillent, encore illuminés par ces instants de bonheur, par cette cérémonie du chant durant laquelle elle aura démontré l'étendue de son talent, qui est immense. On reste fasciné par l'aisance avec laquelle elle aura pu faire appel à son registre vocal – du soupir au cri – et mener, non sans humour parfois, sa belle embarcation musicale.

    Et pour que la fête continue encore un peu...



    Découvrez Youn Sun Nah en live avec "My favorite things" sur Culturebox !

  • Monsieur Xavier !

    L'un des meilleurs antidotes à la puanteur du monde qui nous entoure, au comportement nauséabond et à la veulerie de ceux qui s'en disent les acteurs essentiels, est peut-être de se tourner vers des personnes desquelles émane un fort rayonnement, une lumière bienfaisante. Ils vous laissent espérer que tout n'est peut-être pas perdu... et vous irradient !

    Il est vrai aussi que la rupture née de la fin de mon travail d'écriture pour l'exposition « Portraits Croisés » n'est pas sans conséquence sur mon propre fonctionnement... Je me sens comme en état d'apesanteur, un peu prostré, à la recherche d'un prochain projet vers lequel je pourrai me tourner pour y engloutir mes forces. The exhibition blues, peut-être... C'est ainsi... Pendant que d'autres nous recommandent de travailler plus pour que, eux et leurs alliés de la finance paresseuse, gagnent plus, je lis dans les temps à venir, plus que jamais, la nécessité de dessiner les contours d'une vie moins utilitaire, plus orientée vers l'irrationnel, au centre de laquelle se trouve, bien sûr, la musique (mais pas seulement).

    Tenter de résister à la tentation consumériste, concéder à la pression quotidienne le minimum d'une dépense souvent peu utile, marquer le pas et réfléchir. Rester lucide. Défier les nuisibles d'un grand bras d'honneur salutaire... Ne pas leur concéder le moindre neurone disponible...

    Revenons donc à une action totalement bénévole, dédiée à la musique et n'ayant pour seul objectif que la propagation vers le plus grand nombre des bienfaits d'une passion partagée par deux amis. « Portraits Croisés » mettra assez largement en scène une soirée retentissante dans l'histoire de Nancy Jazz Pulsations : celle du 11 octobre 1975, qui vit réunis sous le Chapiteau de la Pépinière des noms prestigieux : pensez donc, Dizzy Gillespie, Oscar Peterson, Milt Jackson, Joe Pass et des meilleurs... Une dizaine de monstres sacrés, un « all stars » réuni sous la houlette d'un imprésario fantasque et amateur de bonne chère, Norman Granz. Cette mise en scène sera par ailleurs illustrée d'une manière surprenante, qu'il m'est impossible de révéler pour l'instant, mais dont je suis certain qu'elle devrait étonner celles et ceux qui viendront faire un petit tour du côté de la Médiathèque de Laxou entre le 6 et le 23 octobre. Je précise ici que ce coup de projecteur braqué sur l'édition 1975 de NJP ne constitue qu'une sorte d'enclave, nichée au milieu d'une cinquantaine de portraits individuels mettant en scène des musiciens s'étant produits sur les différentes scènes du festival depuis ses débuts, en 1973.

    Je dois donc peaufiner cet événement dans l'événement en rédigeant un ultime texte de présentation d'une soirée haute en couleurs dont le contenu m'aura été largement inspiré par ma rencontre avec un grand monsieur, Xavier Brocker. Cet septuagénaire éternel adolescent est une figure historique du festival, puisqu'il en fut le premier directeur artistique (en 1973 puis en 1975), à une époque où l'organisation d'une telle manifestation revêtait un caractère beaucoup plus artisanal et d'où l'improvisation n'était pas exclue, qu'à notre époque qui voit la mise en place d'une véritable machinerie et l'implication d'un grand nombre de personnes et de partenaires issus du monde économique.

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    Xavier Brocker © Maître Chronique - Septembre 2010

    Dans l'intimité bruyante d'un bar du centre ville, j'ai ouvert mon magnétophone et laissé ce grand bonhomme me raconter avec une inénarrable faconde et une grande fraîcheur ses aventures plutôt cocasses et les difficultés rencontrées quand il s'est agi pour lui de mettre tout ce petit monde face au public pour interpréter un numéro de musique bien rôdé, jusqu'aux enchaînements de chorus parfaitement huilés par de nombreuses heures de scène. Dix musiciens « professionnels » jusqu'au bout des instruments, attendant l'arrivée de leur imprésario, et refusant de se produire tant que ce dernier, avec lequel et personne d'autre ils avaient signé un contrat d'engagement, ne leur aurait pas donné le top départ. Pas de chance, Norman Granz avait choisi ce soir-là de s'installer à l'une des meilleures tables de l'époque, jusqu'à en oublier l'heure fatidique. Il fallut le débusquer, lui faire comprendre qu'il ne pouvait rester là et que le spectacle devait commencer. Pas commode, le type s’exécuta mais compromit par les mauvaises relations qui s'installèrent alors la soirée du jeudi suivant, dont les têtes d'affiche s'appelaient Count Basie et Ella Fitzgerald. Excusez du peu... Toute cette histoire aurait pu finir en procès si la Ville de Nancy, impliquée dans le financement du festival, n'avait pas eu la bonne idée d'en rester là, tant le risque d'une mauvaise surprise financière était élevé, n'oubliant pas que les Américains, procéduriers et implacables en affaires, avaient mis toutes leurs chances de leur côté.

    J'entends la voix de Xavier Brocker me raconter cette histoire ! Et poursuivre sur d'autres aventures, celles du saxophoniste Archie Shepp, qui, après avoir revendu le billet d'avion fourni par NJP afin d'en acheter un second lui permettant un petit crochet par... Rome ! avait confondu cette année-là Nancy et Massy-Palaiseau ! Et s'apercevant de sa méprise, demandant au chauffeur de taxi de le conduire au plus vite, lui et ses musiciens, soit deux voitures, de la région parisienne jusqu'en Lorraine, aux frais du festival bien entendu. Je revois mon interlocuteur me laisser deviner à quel point lui-même se sentit ce soir-là très mal, à la seule idée de présenter une facture exorbitante à l'organisation de Nancy Jazz Pulsations. « Une annus horribilis ! »... et le risque pour lui d'être complètement discrédité vis-à-vis de ses petits camarades...

    Trente-cinq ans plus tard, Xavier Brocker vit toujours la musique avec la même passion, il ne résiste que très difficilement au plaisir d'une « causerie » où il aura toujours des milliers de petites histoires essentielles à nous raconter, à chaque fois il voudra illustrer son propos par une série d'écoutes à vocation pédagogique. Dans un vrai souffle, celui de l'enthousiasme et d'une jeunesse intacte.

    Je lui dédie bien volontiers mon travail en cours, tout en sachant que je ne suis probablement pas digne de son talent ni même de la force qui l'habite toujours. J'aimerais seulement être animé de la même fraîcheur d'âme que lui, ce serait déjà beaucoup...

  • Pulsations

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    Allons allons... Il ne faudrait pas croire que je me désintéresse de mon blog... C'est très loin d'être le cas et juste une question de temps, et rien d'autre. Si vous en voulez une preuve supplémentaire, cliquez donc sur l'image ci-dessus, celle qui est reliée à la dernière newsletter du festival Nancy Jazz Pulsations. En cherchant bien, vous finirez pas me trouver et vous pourrez vérifier que je reste assez scotché à mon clavier à des fins d'écriture. Pour Citizen Jazz principalement, je l'admets, mais après tout, ça change quoi au fond ?

    Par ailleurs, et ceci n'a rien à voir avec ce qui précède, je tiens à dire ici haut et fort que je hais l'hiver. Surtout quand il est lorrain. Et surtout quand cet abruti ose se pointer en avance de plusieurs jours sur son entrée en fonction officielle.

    Ce qui me fait penser qu'il faut absolument que je vous raconte comment un fournisseur d'électricité, public pas encore privé mais qui le sera bientôt comme son cousin gazier (Suez vs Veolia), se constitue une belle trésorerie avec notre argent, sans nous demander la permission, comme de bien entendu...

    A très bientôt donc !

  • Humeurs

    J'ai cru comprendre, en lisant des commentaires ici ou là, que certains d'entre mes lecteurs regrettaient parfois la version « light » de mon blog, quotidienne et généraliste. Je me suis déjà expliqué sur les raisons de cette évolution, qui n'est pas définitive mais sera la marque de l'année à venir. On doit parfois faire des choix, et malheureusement au détriment de ceux qui comptent parmi les plus fidèles supporteurs.

    Cela étant dit, je veux bien faire une légère entorse à la direction générale de mes travaux en écriture en vous proposant une balade en trois humeurs. Ce sera là un petit signe de remerciement et d'espoir pour ceux et celles d'entre vous qui se morfondent à l'idée de ne pas s'injecter leur dose journalière de lecture.

    Humeur 1 : bonne

    Vous savez quoi ? Pour la première fois depuis deux ans, j'ai rendu une petite visite à mon cher Docteur D., principal héros de mes stimulochroniques qui feront un jour l'objet d'un tiré à part, tant elles sont constitutives de cet espace de gribouillage. L'objet de notre rencontre était, on s'en doute, un énième contrôle de mon cher Medtronic, ce boîtier mystérieux qui stimule mon muscle cardiaque et fonctionne en règle générale pendant près de 60% de mon temps de vie. Excellente nouvelle : le docteur D. est en pleine forme, il s'est acheté un nouveau Mac et s'échine à y faire fonctionner une vieille version de Photoshop. Et son logiciel de reconnaissance de caractères semble toujours aussi capricieux. Il m'a fait visiter son nouveau magasin dont je vous présente ici la vitrine. Faites votre choix, messieurs dames, un jour ou l'autre, vous aurez besoin des services de mon cardiologue préféré.

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    Humeur 2 : mauvaise

    Une catastrophe ! Ni plus ni moins... Après une heure d'un splendide concert donné par le quintette de Denis Colin – vérification de visu de la très grande qualité de sa Société des Arpenteurs – voilà qu'une erreur de casting absolue est grimpée sur la jolie scène du Théâtre de la Manufacture. Je serai obligeant et tairai les noms de cette Canadienne et de ses deux acolytes : si l'absence doit s'incarner, elle le fera sans nul doute sous la forme de ce trio apathique et dépourvu de toute originalité. Une pâle chanteuse qui s'affaire mollement sur une caisse claire au moyen de deux balais, un guitariste et un contrebassiste qui risquent l'endormissement à chaque seconde. Tout comme nous d'ailleurs qui, placés au second rang, avons eu la politesse d'attendre la fin de cette éprouvante prestation. Pour vous faire une idée : imaginez un Renan Luce au féminin encore plus décaféiné et vous saurez à quoi ressemblait cette « artiste ». Le plu cruel pour nous, c'est lorsqu'après vingt minutes de si intenses efforts, l'impétrante s'est assise sur un siège en nous expliquant qu'elle allait chanter quelques chansons d'amour plus calmes. Je ne savais pas que c'était possible... Le public, en majorité composé d'invités d'un des sponsors du Nancy Jazz Pulsations, semble avoir apprécié le truc. Enfin, pas tout le monde, n'exagérons pas : nous avons retrouvé un ancien voisin qui, lui aussi, s'arrachait les cheveux en se demandant ce qu'il était venu faire dans cette galère. Ouf ! Il reste encore un peu d'espoir à placer en l'être humain...

    Humeur 3 : excellente !

    Magnifique conclusion de la trente-sixième édition du Nancy Jazz Pulsations avec le grand Joshua Redman venu en trio sous le Chapiteau de la Pépinière. Les grincheux peuvent toujours dire que le jazz y occupe une portion chaque année plus congrue... N'empêche : pour qui savait intelligemment piocher, il y a eu, cette année encore, de beaux moments de musique. Car avant le saxophoniste américain, nous avons pu nous régaler des concerts de Pierrick Pédron, Stabat Akish, Univers Zéro, Jean-Michel Albertucci ou encore Denis Colin. Et ce ne sont là que quelques exemples. Je vais m'atteler dès demain à la rédaction de mon compte-rendu pour Citizen Jazz et en attendant sa publication, je vous propose - chut, ne le dites pas - un extrait du concert de samedi soir. Joshua Redman (saxophone soprano) est entouré de Matt Penman (contrebasse) et de Gregory Hutchinson (batterie) : ils interprètent « Soul Dance » et c'est un petit enchantement. Merci à NJP pour tous ces moments si précieux !

    podcast

  • Omry

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    Pierrick Pédron à l'Autre Canal, le 7 octobre 2009 © Jacky Joannès

    Voilà une soirée qui sera prochainement le sujet d’un de mes articles pour Citizen Jazz (à propos, je rappelle que je consacre pas mal de temps d’écriture à mon magazine favori, ceci expliquant la parution moins abondante de notes pour ce blog. Mes dernières productions sont par ici, d’autres sont en passe d’être publiées, d’autres encore sont en gestation).

    J’étais hier à l’Autre Canal, pour une deuxième soirée de musique dans le cadre du Festival Nancy Jazz Pulsations. Le temps (très) fort de la soirée était le concert du saxophoniste Pierrick Pédron et son combo électrique Omry. Voici quelques mois, j’avais écrit quelques lignes consacrées à la parution de son disque éponyme, une flagrante réussite qui, j’en suis persuadé, sera un des plus beaux de l’année.

    Et voici le temps de découvrir cette formation sur scène : malgré un confort très spartiate – la salle baptisée Club n’étant qu’un petite cube peu convivial où chacun doit se contenter d’une position debout, dans une ambiance où bien des spectateurs semblent plus préoccupés de s’approvisionner toutes les dix minutes en bière que d’écouter de la musique, ah, zapping, quand tu tiens nos cerveaux… – il me faut saluer sans attendre et une fois de plus un musicien qui, à force de talent et de ténacité, est en train de forger son propre univers. Je pèse mes mots… Excellente nouvelle pour tous les passionnés de musique : en fin d’après-midi, Pierrick Pédron me confiait qu’il souhaitait qu’Omry soit plus qu’un disque et une série de concerts, mais une aventure qui s’inscrive dans le temps.

    Dynamitée par la scène et la projection d’images souvent haletantes, la suite Omry explose littéralement devant nous, chargée de l’électricité délivrée par le grand Vincent Artaud (basse) et Eric Löhrer (guitare) et du déferlement des « twin drummers » que constitue la paire Franck Agulhon / Fabrice Moreau à la batterie. Au Fender Rhodes, Pierre De Bethmann laisse échapper des coulées de notes… Un terreau de musique très fertile qui offre à Pierrick Pédron de quoi illuminer l’ensemble de ses somptueux chorus (au passage, n’oublions pas qu’il est un soliste époustouflant), et d'investir avec fièvre et brio tout un espace de liberté et d'improvisation, bien plus qu'il ne l'avait fait sur son disque. Et même si, selon lui, Omry n’est pas une œuvre de saxophoniste, cette longue suite est un formidable sujet qu’il ne se prive pas d’explorer, au même titre que ses camarades d’ailleurs. En témoignent par exemple une belle séquence de Vincent Artaud, longue montée solitaire à grands renforts de boucles, les solos ravageurs à la coloration très rock d’Eric Löhrer ou le duo final des deux batteurs, dans une magnifique exercice de gémellité bien frappée.

    Je vous propose une illustration de cet excellent moment avec une chouette photo de mon ami Jacky Joannès et une petite carte postale sonore captée par mes soins.

    podcast

    En écoute, quelques minutes extraites de "Osman", enregistrées avec l'aimable permission de Pierrick Pédron (saxophone alto) et la complicité musicale de Pierre De Bethmann (Fender Rhodes), Vincent Artaud (basse électrique), Eric Löhrer (guitare électrique), Franck Agulhon et Fabrice Moreau (batterie).